TRISTESSES DE LA LUNE

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;

Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,

Qui, d'une main distraite et légère, caresse,

Avant de s'endormir le contour de ses seins.

Sur le dos satiné des molles avalanches,

Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,

Et promène ses yeux sur les visions blanches

Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langeur oisive,

Elle laisse filer une larme furtive,

Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,

Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,

Et la met dans son coeur loin des yeux du Soleil.

TRISTEZAS DA LUA

Hoje, a lua, a sonhar, mais pálida e mais fria,

Tem, reclinada sobre os coxins siderais,

O langor feminil de quem acaricia,

Antes de adormecer, os seios virginais.

Sobre o fofo cetim das nuvens, desmaiada,

Nos céus, passeando o olhar, vê surgirem visões,

Que argênteas, no palor da noite iluminada,

Ascendem para o azul, como alvas florações.

Quando, às vezes, na terra, amorosa e discreta,

Ela deixa cair uma gota de opala,

Uma lágrima irial, de tons de catasol,

Sobre a concha da mão, um noctâmbulo poeta

Toma-a, para, furtiva, ir, piedoso, guardá-la

Dentro do coração, escondendo-a do sol.

Original de Charles Baudelaire

Tradução de Martins Fontes

In.: Martins Fontes, José. Verão. 5ªed. Caldas da Rainha, Martins Fontes – Portugal, 2008, p.265.